C’est le 26 juin que les propositions de la commission Mobilité 21 seront officiellement dévoilées. Présidée par le député-maire socialiste de Caen Philippe Duron, le gouvernement l’a chargé à l’automne 2012 de plancher sur cette mission impossible : faire le tri dans le monstrueux Schéma national des infrastructures (SNIT) né du Grenelle de l’environnement. Et proposer une liste réaliste des projets les plus pertinents.
Rappelons que le SNIT prévoit au moins 245 milliards d’euros de travaux pour la plupart non financé.
"Jusqu’en 2022, 2023, les moyens de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF) - 2,2 milliards d’euros de budget annuels - sont captés par les projets déjà lancés", indique un membre de la commission. C’est donc seulement dans dix ans qu’on pourra lancer de nouvelles réalisations. Or le rapport dont le contenu commence à fuiter risque de faire grincer des dents.
Selon les informations de MobiliCités, et sauf changement de dernière minute, seules neuf infrastructures ont été retenues pour la décennie 2020-2030 :
Elle propose aussi de provisionner 500 à 700 millions d’euros pour traiter plusieurs autres nœuds ferroviaires : Bordeaux, Toulouse, Strasbourg, Rennes, Creil, Nîmes, Metz, etc.
Cette liste suppose que le montant des travaux tienne dans l’enveloppe disponible de 9 à 10 milliards d’euros dont pourrait disposer l’AFITF pour la prochaine décennie.
Les transports du quotidien
Première constatation, on compte une majorité de projets ferroviaires et qui répondent aux priorités du gouvernement : améliorer les déplacements quotidiens des personnes et favoriser l’accès du fret aux ports.
Les propositions de la commission Duron renvoient donc au-delà de 2030 la plupart des lignes à grande vitesse : c’est le cas de Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) ou de Paris-Orléans-Clermont-Limoges (POCL) cher au député communiste du Puy-de-Dôme et membre de la commission André Chassagne. En lot de compensation, l'élu auvergnat a obtenu l’amélioration de la Route Centre Europe Atlantique (RCEA).
En fait, l’arbitrage prépare l’avenir à deux grands infrastructures ferroviaires : la ligne nouvelle Paris-Normandie et celle prévue entre Marseille et Nice. Au sein de la commission Duron, certains relèvent que ses deux poids lourds, le député-maire de Caen Philippe Duron et le sénateur UMP des Alpes-Maritimes Louis Nègre, également co-présidents de TDIE, "ont su faire avancer leur propre pion".
2e scénario de secours
Un favoritisme qui risque de susciter des tensions. C’est le pronostic de l’ex-secrétaire d’Etat aux Transports Dominique Bussereau : "Martin Malvy, président de Midi-Pyrénées, va être furieux du sort réservé à Bordeaux-Toulouse, ce qui risque de mettre en péril le financement du tronçon Tours Bordeaux", prédit-il. Midi-Pyrénées avait en effet accepté de financer ce tronçon en travaux en échange de la réalisation de Bordeaux-Toulouse. Dominique Bussereau se prépare à tâcler le gouvernement, oubliant qu’il fut l'un des responsables du SNIT.
Toutefois, la commission Duron offre une porte de sortie au gouvernement. Elle a prévu un scénario numéro 2 : celui-ci suppose que l’AFITF dispose de 26 à 28 milliards d’euros entre 2020 et 2030, grâce à gonflement de la part de la taxe poids lourds réservée aux infrastructures. Il serait alors possible d’y glisser moult projets : Bordeaux-Toulouse mais aussi l’A31 bis, l’A45, l’A54 et Toulouse-Castres etc. On peut toujours rêver.
Bon courage au gouvernement pour trancher…
Marc Fressoz
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